- 27 octobre 2020
Auteurs : Jean-Marc Briquet, Head of Sales

La lutte contre la fraude dans les transports est loin d’être un nouveau sujet. Pourtant, les choses n’évoluent pas assez, ou pas assez vite. De nombreuses stratégies ont été expérimentées dans les différentes villes de France. Mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. Dans cet article, nous faisons le point sur les différentes démarches initiées, les succès et les échecs.
1 - Augmenter le nombre d’agents de contrôle
La stratégie que presque tous les opérateurs de transport ont essayée est l’augmentation du nombre de contrôleurs.
Logiquement, si on contrôle plus, on verbalise plus. Cependant, disposer des moyens nécessaires pour y parvenir n’est pas chose aisée. En effet, le budget alloué par les autorités organisatrices est fixé à l’avance dans le cadre du contrat de service sur plusieurs années Il n’est pas négociable par la suite. Difficile donc de recruter. Cette solution n’est pas la panacée non plus. En renforçant les contrôles à certains endroits, à certaines heures, d’autres sont délaissés, ouvrant de nouvelles aubaines pour les fraudeurs.
2 - Adopter une stratégie dissuasive
Populaire auprès des opérateurs de transports, cette stratégie consiste à déployer des mesures pour dissuader les utilisateurs de voyager sans titre valide :
• Créer des tarifs spéciaux en fonction de la situation de la personne (tarif réduits étudiants, séniors, chômeur, famille nombreuse…) pour donner la possibilité à tous de pouvoir acheter un titre de transport.
• Rendre plus accessibles les points de distribution / rechargement de titres : bornes sur quais, guichet en agence et en point de vente de proximité, application smartphone, abonnements longue durée, paiement par SMS…
• Rendre accessibles les bornes de validation : directement dans le tramway plutôt que sur le quai par exemple.
• Communiquer sur l’importance d’acheter son titre de transport et rappeler que la fraude est un délit.
Malheureusement, cette démarche ne suffit pas. Des mesures contraignantes doivent être prises pour obtenir des résultats probants.
3 - Installer des portiques de contrôle
Dans de nombreux métros, et même dans certaines gares ferroviaires, des portiques “ferment” les quais : difficile d’accéder aux voies sans valider son titre de transport. Ces portiques n’ont cessé de s’améliorer ces vingt dernières années passant du fameux tripode parisien à des portes à vantaux vitrés, avec reconnaissance de forme vidéo pour détecter les passages “doubles”, distinguant les bagages, etc.
Quelques opérateurs ont décidé de tester ces portiques dans les bus. Le but : limiter la fraude malgré la présence du chauffeur, déjà dissuasive. Cependant, la mise en place de ce type de matériel dans un véhicule est assez onéreuse. Peu d’acteurs sont prêts à consentir cet investissement. De plus, cela pose des problèmes de sécurité : en cas d’évacuation du bus, cela peut créer un blocage. Enfin, aux heures de pointes, ce type de structure peut engorger l’accès au bus, et entraîner des retards et une dégradation de qualité de service. Ce n’est donc pas la meilleure approche pour l’expérience usager.
#4 - Déployer des systèmes de comptage
Une autre stratégie consiste à installer des systèmes de comptage dans différents véhicules. Cela permet de savoir à tout moment combien de personnes se trouvent dans le bus, et de le comparer au nombre de validations de titre de transport. Cette stratégie se montre plutôt efficace et aide à cibler les contrôles. Mais elle est coûteuse en équipements. Aujourd’hui, moins de 15 % des réseaux de transport utilisent ce dispositif et celui-ci reste davantage dévolu à de l’analyse de fréquentation avec quelques véhicules équipés, plutôt qu’à la lutte contre la fraude.
Certaines alternatives aux capteurs ont été étudiées. Par exemple, utiliser les caméras de surveillance à bord pour estimer le nombre de personnes dans un bus. Cela est efficace mais pose de vrais problèmes de protection de la vie privée et de conformité au règlement général de protection des données personnelles (RGPD). Des systèmes de pesée ont également été testés mais restent anecdotiques.
#5 - Rendre les transports gratuits
Qu’en est-il de la gratuité des transports en commun ? Peut-elle être considérée comme une solution de lutte contre la fraude, quand on sait que de toute façon, les transports publics sont déjà massivement subventionnés (le prix du billet acquitté par l’usager ne couvre en moyenne qu’un tiers du coût réel du trajet) ?
Cela a été envisagé par plusieurs communes, et certaines l’ont mise en œuvre (Châteauroux, Dunkerque…). La région Île-de-France a commandé un rapport à ce sujet en 2019 pour estimer les avantages et inconvénients de cette solution. Et les résultats sont sans appel : cela coûterait plus cher que la fraude. De plus, pour rendre les transports totalement gratuits, il faudra pouvoir les financer. Et cela passe forcément par une augmentation des impôts, avec un risque politique évident.
Enfin, cela engendrerait une perte d’informations importantes pour ajuster l’offre à la demande. La validation des tickets de transport permet en effet d’estimer combien de personnes fréquentent une ligne, quelles sont les heures de pointes, les besoins de véhicules, l’activité sur le réseau. Ce sont des informations indispensables au bon dimensionnement du réseau de transport.
#6 - Opter pour l’IA
Depuis quelques années, l’Intelligence Artificielle a fait son apparition dans le domaine des transports publics et se révèle efficace pour lutter contre la fraude. Comment ? Grâce à la prise en compte de multiples sources de données, qui permettent de faire des prédictions précises sur la fréquentation des transports et de proposer des itinéraires de contrôle optimisés en fonction des objectifs fixés par les autorités organisatrices. Les solutions d’IA prennent en compte des données aussi diverses que la météo, les grands événements, la variation des flux domicile-travail ou domicile-école, ce qui permet de placer les contrôleurs au bon endroit et au bon moment. Plutôt que d’augmenter le nombre de contrôles, la solution sert à mieux les cibler pour atteindre les objectifs de réduction de la fraude.
Malgré la grande variété de mesures mises en place par les opérateurs, la fraude sera toujours présente. Cependant, le recours aux mesures les plus efficaces que permettent l’IA permettent des contrôles plus ciblés et donne ainsi aux contrôleurs la possibilité d’effectuer d’autres tâches comme celle d’assurer la sécurité des usagers et du personnel. Si vous cherchez une solution pour atteindre vos objectifs, n’hésitez pas à nous contacter.